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10/03/2014

Brief Encounter DWM 214: Roses

 

Les Brief Encounter sont des histoires courtes, publiées de 1990 à 1994 dans le Doctor Who Magazine. Elles tenaient en général sur une page, et partait du principe « What if… » en imaginant des possibilités non exprimées dans la série (si le Docteur avait voyagé avec un compagnon d’un autre Docteur… etc). « Roses », paru dans le DWM 214, est le dernier Brief Encounter paru dans le DWM ; d’autres apparurent dans les Yearbook, puis le style disparu. On peut considérer que les Unbound, chez Big Finish, sont l’héritage de ses histoires quasiment jamais rééditées.

 

J’ai traduit de mon mieux, en prenant quelques libertés (la structure de l’anglais passe parfois mal en français), mais en restant au plus près du sens. Comme je suis loin d’être une pro, vos critiques et avis sont les bienvenus.

 Attention, cette nouvelle est une prequel à "The Five Doctors"!

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Brief Encounter, Doctor Who Magazine 214, Page 34

“Roses”, de Robert Mammone

Traduction imparfaite de Marie Devigne

 

 

     Dans une région reculée de l’espace s’étendait un vaste Jardin. L’herbe y était d’un vert profond. Une haute haie marquait la limite du Jardin et à l’intérieur, dans de grands parterres, des milliers de rosiers se développaient et emplissaient l’air d’un parfum capiteux.

 

     Dans ce jardin se promenait un vieil homme, dont le visage était dominé par un nez fier et des cheveux blancs ramenés en arrière d’une impérieuse manière. Avec l’aide d’une canne noire, il cheminait le long du sentier, respirant le riche parfum des roses. Parfois, il se penchait pour sentir une fleur en particulier, puis approuvait par murmure soliloque. De temps à autres, il se saisissait d'un sécateur qu'il gardait dans sa poche, et sectionnait de ses fines mains pâles et enveloppées dans des mitaines une branche en particulier sur un rosier, en se faufilant habilement entre les épines sans les toucher. Il portait un pantalon gris anthracite et un sombre long manteau, avec un monocle pendu autour de son cou. L’homme avait tout d’un gentleman Edwardien.

 

     Le Docteur profitait de son repos. Le TARDIS et Steven, son unique compagnon, étaient à l’autre bout du Jardin. Après avoir déjoué les sinistres desseins de Mavic Chen, le Docteur avait décidé de se reposer un peu, et Steven avait approuvé avec enthousiaste, tout en murmurant une remarque sur le fait qu'on était toujours en danger en compagnie du vieil homme. Le Docteur soupira. Ce jeune homme avait tellement de potentiel, mais il était un peu trop désinvolte à son gout.

     « Je pense que je vais devoir le ramener dans le droit chemin » informa-t-il une rose. Il renifla avec dédain alors que la rose refusait d’appuyer sa déclaration. Il reprit sa canne fermement puis repartit.

 

     Les rayons d’un lointain soleil brillait sur lui, réchauffant quelque peu ses vieux os. Le Docteur embrassa du regard le Jardin avec une joie presque paternelle. Le travail de toutes ses années avait bel et bien payé, progressivement, parterres après massifs de…

     Arkytior. Ce mot lui apparut dans son esprit. Il s’arrêta soudainement, le front plissé par ses pensées. Mais d’où ce mot pouvait-il bien venir ? Enfin, cela lui revint en tête. Cela faisait tellement longtemps qu’il avait plus entendu, et encore moins parlé, du Haut Gallifreyen. Bien sûr, arkytior signifiait rose dans l’antique langue de Gallifrey. Et c’était… son nom.

 

     Le Docteur secoua sa tête, pris de fureur, luttant pour garder la porte de ses émotions bien fermée. Il ne s’attarderait plus sur ce qui s’était passé si longtemps auparavant. Aucunement.

     « J’ai fait la paix avec moi-même quant à cette décision… et de beaucoup d’autres. » Déclara-t-il au Jardin. Il fixa du regard un rosier, au cas où celui-ci oserait le contredire. La plante dodelinait gentiment au gré de la brise. Mais cela ne convainc pas le Docteur de la nature des pensées de la douce chose.

 

     Il se remit en marche avec l’unique but d’atteindre l’endroit ou le TARDIS se tenait. Le Jardin ne lui procurait à présent plus aucun plaisir. Au lieu de lui donner une chance de se reposer, il l’avait ébranlé. Tout ce qu'il lui inspirait désormais était du tourment.

 

     « Qu’aurais-je pu faire ? » demanda-t-il. « Elle était amoureuse. » Les rosiers se balançaient doucement dans le vent. Le Docteur abattit sa canne, et une fleur fut arrachée de sa tige. « Soyez maudites, vous toutes ! » cria-t-il en regardant autour de lui, ne voyant rien d’autre que des rosiers dansant au vent, se moquant, semblait-il, de sa fureur impuissante.

 

     « Je ne pouvais rien lui refuser. Je l’ai arraché à sa patrie et je ne pouvais pas lui refuser cela. » Les souvenirs du temps passé firent surface à nouveau, des souvenirs de ses temps sombres où sa planète chancelait, au bord de la ruine, et où l’impuissance de son propre peuple l’avait poussé à partir.

     « Je lui ai offert une meilleure vie. Une vie à l'abris des manipulations, une vie à travers les étoiles, ou elle pourrait devenir elle-même, et non pas un pion du Chapitre. »

 

     Et où l’as-tu donc abandonné, lui murmura une voix insidieuse venue du fond de son esprit. Le Docteur refusa de l’écouter, mais elle insista, frappant plus fort encore les remparts de sa volonté.

     « D’accord ! » cria le Docteur. « Je vais te le dire. Je l’ai laissé dans un monde barbare, dans un siècle reculé. Je l’ai laissé là à attendre la mort de l’homme qu’elle aime. »

     Alors, va la sauver, lui murmura la voix dans son esprit. Sauve-la de ce monde primitif et rudimentaire.

 

     La tentation gronda dans le cœur du Docteur comme une bête vengeresse. Il s’arrêta, se demandant confusément comment il devrait agir. Puis un sinistre et sauvage sourire se dessina sur ses lèvres.

     « Non. Oh, non. Si je fais cela, je nierais son choix, et avec cela, tout ce pour quoi j’ai toujours combattu. La liberté et le choix. Susan aimait David, bien plus qu’elle ne m’aimait, moi. Elle doit vivre avec ses décisions, comme je le fais pour moi. Mais quand le moment sera venu, je serais là pour elle. Et personne, pas même Rassilon, ne m’empêchera de protéger ma Susan. »

 

     Sa voix mourut dans un soupir, tandis la brise agitant les roses. En y repensant, le Docteur sourit de contentement. Il avait remporté une victoire, mais il savait que bien d’autres batailles l’attendaient. Il agita sa canne et s’éloigna, quittant les roses pour entrer dans une parcelle faite d’herbe et d’arches de pierres.

     Derrière lui, tremblante, une pyramide noire émergeait de l’horizon.

 

 

 

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13:42 Publié dans 1st Doctor | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

Mais elle est carrément superbe, cette nouvelle ! One m'a fait de la peine.

Écrit par : Lulurbex | 23/03/2014

Les commentaires sont fermés.